Projet de loi visant a remplacer le terme Rom par celui de Tsigane, qui a une connotation péjorative/AFP

Un projet de loi visant a remplacer dans les documents officiels le terme Rom par celui de Tsigane, qui a souvent une connotation péjorative en roumain, suscitait un vif débat mardi en Roumanie ou des ONG ont protesté contre cette proposition soutenue par l'Académie.
"C'est le syndrome du manque de démocratie dans notre société, sinon on ne permettrait jamais d'imposer un nom a une ethnie sans la consulter au préalable", a déclaré a l'AFP Nicoleta Bitu, coordinatrice de programmes de l'association Romani Criss.
"On nous appelait Tsiganes a l'époque ou on était des esclaves", a-t-elle insisté, lors d'une marche de protestation devant les sieges du gouvernement et et de l'Académie réunissant une centaine de Roms.
Etudiants et lycéens pour la plupart, les manifestants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Tsigane=Esclave", et scandé "Nous sommes Roms, pas Tsiganes".
Les Roms ont été des esclaves sur les territoires roumains durant 500 ans, jusqu'a leur affranchissement en 1856.
Cette marche de protestation faisait suite a un projet de loi déposé par un député du Parti démocrate-libéral (PDL, au pouvoir), Silviu Prigoana, prévoyant "l'utilisation du mot Tsigane, sans aucune connotation négative, dans les documents officiels roumains, y compris les manuels scolaires".
Alors que la langue roumaine abonde en expressions péjoratives liées au terme de Tsigane, le mot Rom est devenu la norme apres la chute du communisme.
Dans sa motivation, M. Prigoana affirme toutefois que ce mot "seme la confusion a l'étranger" entre Roms et Roumains.
L'Académie roumaine a donné un avis favorable a ce projet, précisant que le terme Tsigane est utilisé sans restriction dans des pays comme la France ou l'Italie.
Contacté par l'AFP, le vice-président de l'Académie Cristian Hera s'est refusé a tout commentaire, précisant qu'un débat sur ce sujet sera organisé début 2011.